Visite dégustation personnalisée du Château d’Eyran avec son gérant Charles Savigneux et Mathilde Demontpion du service oenotourisme et communication. Charles et Mathilde mettent en lumière l’histoire du Château d’Eyran, l’engagement des propriétaires en faveur de l’environnement, ainsi que les procédés de vinification et d’élevage des vins. Une dégustation du Château d’Eyran blanc, du Château d’Eyran rouge et du Château Haut-L’Artigue rouge permet de parfaitement saisir l’identité de ces très beaux Pessac-Léognan.
UNE HISTOIRE VIEILLE DE 2000 ANS
Les Romains sont à l’origine des premières vignes alentours
Au premier siècle de notre ère, les Romains, présents dans la région, initient de nombreuses cultures. Aussi, c’est à cette époque que la viticulture démarre et prend une place importante à Saint-Médard-d’Eyrans. De nombreux écrits et gravures figurant sur certains sarcophages autochtones attestent du travail de la vigne dès cette époque.
La production de vin dure pendant un millénaire
La production conséquente de vin perdure pendant plusieurs siècles, jusqu’en 1130, où elle subit un net déclin. Pour différentes raisons, la production quantitative de vin reprendra beaucoup plus tard. Citons notamment les nombreuses maladies du 19ème siècle, comme l’oïdium, le phylloxera ou le mildiou, qui empêchent le domaine de produire du vin en grande quantité.
Le Château d’Eyran date du 14ème siècle
Construit au 14ème siècle, le château fort est endommagé par les différentes guerres. Des douves, reliées à la Garonne, sont construites pour le protéger des assaillants. Mais au gré du flux et du reflux du fleuve, les douves se transforment en marécage, apportant maladies et insectes et entraînant l’enfoncement du château.
Le Château d’Eyran est démonté puis déplacé…
Au 17ème siècle, la famille propriétaire demande au roi de France l’autorisation de délocaliser le château. La demande étant agréée, le château est déconstruit pierre par pierre et reconstruit en chartreuse au sommet du mont d’Eyran, point culminant de Saint-Médard-d’Eyrans à 12 mètres d’altitude.
La seule pièce reconstruite à l’identique est la tour de garde. Cette belle tour ronde sera transformée plus tard en chapelle, aujourd’hui toujours consacrée. Depuis cette époque, le château est habité et les actuels locataires constituent la treizième génération de propriétaires.
La viticulture reprend entre 1905 et la première guerre mondiale
Grâce aux porte-greffes américains, la viticulture reprend convenablement au tout début du 20ème siècle. Et ce jusqu’à la première guerre mondiale. Cette dernière marque un second déclin de la viticulture. En effet les vignobles sont laissés à l’abandon, eu égard au départ des hommes qualifiés pour le front.
A la fin de la guerre, il n’y a plus de vignes, très peu de vignerons et plus de vins. En effet, toutes les bouteilles datant d’avant la guerre sont réquisitionnées pour les soldats, ayant droit à un litre de vin par jour…
Les vignes du Château d’Eyran sont arrachées en 1922
L’Etat, dont la priorité est de reconstruire le pays, offre des primes à l’arrachage. L’Etat verse ces primes aux propriétaires qui décident d’arracher leurs vignes. Afin de les remplacer par d’autres cultures plus vitales pour l’alimentation des Français.
Beaucoup de riches propriétaires continuent à cultives des vignes. Mais les propriétaires du Château d’Eyran ont beaucoup souffert de la guerre et doivent faire face à la réfection du toit du château. Ils arrachent donc à contrecoeur les dix hectares de vignes en 1922. Et se lancent dans l’élevage bovin.
1984 marque le début du renouveau du Château d’Eyran
En 1984, Brigitte et Stéphane Savigneux, respectivement petite-fille des propriétaire et ancien vigneron à Saint-Emilion, décident de replanter par plaisir quatre hectares de vignes au Château d’Eyran, en compagnie de leurs cousins. Brigitte et Stéphane quittent rapidement leur ancien métier. Et ils se lancent corps et âme dans la viticulture. Ils rachètent au fil des années plusieurs parcelles. Et aujourd’hui la surface viticole s’étend sur 27 hectares.
Charles prend la succession de ses parents
Fils de Brigitte et Stéphane, Charles décide d’embrasser la carrière de vigneron. Il se forme à l’école d’ingénieurs de Purpan à Toulouse. Puis il travaille pendant plusieurs années pour le Baron Philippe de Rothschild au Chili.
Revenant en France en 2015, accompagné de sa femme chilienne Fernanda, Charles travaille naturellement avec ses parents. Et depuis 2022, Charles et Fernanda sont les nouveaux gérants du Château d’Eyran.
Respectant l’identité du château, Charles apporte sa touche personnelle
Charles a lancé le domaine dans la production de vin blanc. En effet, anticipant son retour en France, Charles avait demandé à son père en 2013 de planter un hectare et demi de cépages blancs. La production associée a donc débuté en 2016. Cet hiver, une parcelle d’un hectare de cabernet sauvignon a été arrachée. Au profit de cépages blancs, qui produiront du Pessac-Léognan blanc à compter de 2026.
Aimant se remettre en question, Charles réalise régulièrement des tests, des essais et des améliorations. Pour autant, Charles n’a pas testé l’amphore et l’oeuf béton. Il privilégie en effet la barrique. Car, selon lui, la barrique n’a pas encore livré tous ses secrets : choix du tonnelier, durée précise d’utilisation, effet de la provenance géographique du chêne ou combinaison de ces différents facteurs.
Charles pense que la barrique reste le meilleur contenant permettant d’exprimer toute la quintessence des vins du Château d’Eyran. Ceux-ci sont parfaitement équilibrés entre fruit, acidité et structure. En outre, Charles met en exergue le coût de ces nouveaux contenants. Effectivement ces derniers n’entraîneraient pas une augmentation significative de qualité et donc un rapport gain coût pertinent.
LA FAMILLE SAVIGNEUX PROTEGE ET PRESERVE L’ENVIRONNEMENT
Le Château d’Eyran informe, protège et respecte les riverains
Tout d’abord, pour lutter contre le gel, le Château d’Eyran utilise trois éoliennes. Elles se positionnent sciemment loin des habitations. La famille Savigneux recourt également à la technique de micro aspersion. Ces équipements nécessitent peu de main d’œuvre pour leur mise en service. Et la famille Savigneux les a mis en place en respectant l’environnement et le voisinage.
Par ailleurs, les propriétaires du Château d’Eyran portent une attention accrue à leurs voisins : réunion annuelle d’information, publication de contenus didactiques sur les réseaux sociaux, système d’alertes SMS prévenant des traitements, rédaction et distribution de lettres d’information, entretien des abords des parcelles afin de faciliter les promenades.
Le Château d’Eyran pratique l’enherbement semi-naturel
Ayant débuté l’enherbement des vignes dans les années 90, le Château d’Eyran adopte aujourd’hui un enherbement semi-naturel. La famille Savigneux pratique donc l’alternance entre un rang naturel et un rang de plantations. En effet, les sols relativement pauvres, composés de 90% de sable et 10% de graves, militent pour ce procédé.
La famille Savigneux plante donc des trèfles fixant l’azote atmosphérique. Ou bien de l’avoine produisant de la paille pour protéger les vignes l’été. Ou encore des radis chinois et des choux permettant en poussant d’aérer les sols et en pourrissant sur place d’apporter des nutriments à la vigne, aux fleurs et aux insectes. Ainsi les sols sont plus vivants, plus structurés et plus stables.
Le triptyque vignes animaux insectes est le secret du Château d’Eyran
Les parcelles s’entourent de forêts et de haies, permettant aux chauves-souris, aux oiseaux et aux crapauds de s’épanouir complètement. Aussi, ces animaux, prédateurs de certains insectes nuisibles, permettent à la vigne de pousser de manière optimale.
Car les maladies véhiculées par les insectes touchant la vigne sont bannies. Le vignoble est donc plus sain. Les anti-pourritures et les anti-botrytis ne sont donc plus du tout utiles.
Une prise en compte globale de l’environnement
Labellisé HVE3, le Château d’Eyran multiplie les gestes éco responsables : installation de panneaux photovoltaïques, tri sélectif, traitement autonome des déchets par biodégradation ou biodilution…
Le Château d’Eyran adopte la démarche RSE
Dans le cadre de la Responsabilité Sociétale des Entreprises, le Château d’Eyran fait partie du groupement Bordeaux cultivons demain. La place des employés dans l’entreprise, la prise en compte de la pénibilité ou encore l’adaptation des équipements aux saisons sont des sujets au coeur des préoccupations humaines de la famille propriétaire.
DES TECHNIQUES CLASSIQUES DE L’AOC PESSAC-LEOGNAN
Les vendanges sont manuelles
Toutes les vendanges sont manuelles. Aussi 40 à 50 personnes supplémentaires viennent renforcer l’équipe permanente de dix personnes. Par tradition, la famille des propriétaires effectue 30% des vendanges à l’occasion d’une cousinade. Celle-ci réunit environ 150 personnes le premier week-end d’octobre.
Les Pessac-Léognan blancs suivent les canons de l’AOC…
Tout d’abord, les grappes subissent un pressurage. Puis le jus est mis en cuve et subit un débourbage naturel. Après la décantation, le jus clair est transvasé en barriques. Au sein de celles-ci, s’opèrent la fermentation alcoolique et un élevage sur lies.
Les cépages sont élevés séparément pendant six mois. L’assemblage de 65% de sauvignon blanc et de 35% de sémillon se fait en cuves inox. Le filtrage et la mise en bouteille deux mois après viennent clôturer le cycle de huit mois.
…comme pour les Pessac-Léognan rouges
Après les vendanges, l’éraflage et le foulage sont réalisés. Les jus, partant en cuves inox pour la fermentation alcoolique, subissent trois remontages par jour. Après trois heures de macération, le rosé de saignée est extrait et vieillit six à huit mois en cuves inox.
Pour le rouge, l’équipe du Château d’Eyran pressure et écoule. Ensuite l’équipe transvase le jus en cuves inox pour la fermentation malolactique. Puis elle transfère le jus en barriques en vue de l’élevage. Un vieillissement d’une année s’opère alors indépendamment pour chaque cépage. Les cépages font l’objet d’un assemblage en cuve. Enfin, le filtrage et la mise en bouteille complètent le cycle de 18 mois.
L’équipe change les barriques tous les trois ans. 60% d’entre elles sont en chêne français, le reste provenant de chêne américain. Le Château d’Eyran travaille avec une dizaine de tonneliers de la région Aquitaine.
LE DOMAINE PROPOSE UNE TRES BELLE OFFRE DIVERSIFIEE
L’offre se compose de trois Pessac-Léognan et trois Bordeaux
La famille Savigneux produit environ 210 000 bouteilles pour ses six vins : le Château d’Eyran rouge, le Château d’Eyran blanc, le Château d’Eyran rosé, le Château Haut-L’Artigue rouge et deux vins rouges en appellation Bordeaux, le Château Bastian et la réserve du Château Bastian.
Ces deux Bordeaux rouges, assemblages de merlot, cabernet sauvignon et cabernet franc, proviennent de jeunes vignes. Ils font l’objet d’un vieillissement en cuves inox. Pouvant se consommer dans les trois à quatre ans, ces vins souples et doux d’un excellent rapport qualité prix peuvent accompagner tout type de plat.
Pour les vins de l’appellation Pessac-Léognan, la famille Savigneux a décidé de ne pas produire un premier vin et un second vin. Mais la famille élabore deux châteaux différents sur des parcelles différentes, avec des techniques de production différentes.
Château d’Eyran rouge 2020
Ce Pessac-Léognan rouge est le fruit d’un assemblage de 50% de cabernet sauvignon, 45% de merlot et 5% de petit verdot. D’une belle couleur noir grenat, le nez du Château d’Eyran rouge est complexe. Il révèle de belles notes de fruits rouges et d’épices. La bouche est parfaitement équilibrée, fruitée, veloutée et puissante, avec une très belle longueur.
Pouvant se boire jeune et se garder jusqu’à 20 ans pour les grands millésimes, ce Pessac-Léognan complexe, élégant et structuré accompagnera parfaitement les viandes maturées grillées, les plats travaillés ou encore les fromages affinés.
Château d’Eyran blanc 2021
Assemblage de 65% de sauvignon et de 35% de sémillon, ce Pessac-Léognan blanc arbore une robe d’un bel or pâle. Le nez du Château d’Eyran blanc est complexe. Les notes d’agrumes répondent aux notes de fleurs blanches et de fruits exotiques. La bouche fraiche, ample et suave est bien équilibrée, dénotant quelques touches grillées et exotiques.
Ce Pessac-Léognan blanc se mariera parfaitement avec des sushis, des fruits de mer, des viandes blanches, des poissons, des fromages jeunes comme un cantal ou un chèvre.
Château Haut-L’Artigue rouge 2020
Assemblage de 50% de merlot et 50% de cabernet sauvignon élevé en cuve inox, ce Pessac-Léognan rouge réalisé à partir de parcelles jeunes est souple, rond, frais, fruité, équilibré avec des tanins très doux.
Très présent dans la restauration, le Château Haut-L’Artigue se boit plutôt jeune et offre une garde de six à sept ans. Facile à boire, il peut accompagner de nombreux mets : tapas, burger maison, viandes grillées…
Si vous avez aimé cet article sur le Château d’Eyran, vous pouvez découvrir d’autres articles sur la page actualités du blog de l’apprenti sommelier. Dédié à l’AOC Pessac Léognan, ce blog vous permet de mieux connaître l’AOC ou encore de découvrir la liste des châteaux de l’appellation.
