Entretien avec Séverine Bonnie, responsable communication et marketing du château Malartic Lagraviere et membre de la famille propriétaire. Séverine nous fait partager sa passion pour ce magnifique Pessac-Léognan, en mettant en lumière l’histoire, le terroir, l’engagement éco-responsable de ses propriétaires, les vendanges 2020, la vinification et l’élevage de ce double grand cru classé de Graves.
MALARTIC LAGRAVIERE : UNE HISTOIRE QUI REMONTE À LOUIS XV
Le comte de Malartic est l’illustre ancêtre du château Malartic Lagraviere
La famille du comte de Malartic est la première propriétaire du domaine. Amiral sous Louis XV, le comte de Malartic défend les intérêts du royaume de France contre les Anglais en Nouvelle-France et au Canada. Au Nord du Québec, la ville de Malartic est même baptisée en son honneur. Louis XV remercie le comte de Malartic de ses services en le nommant gouverneur des iles de France et de Bourbon, renommées plus tard iles de La Réunion et Maurice.
Le comte de Malartic meurt sur l’ile Maurice et est enterré à Port-Louis. Son bateau de premier rang, la Minerve, donnera naturellement naissance plus tard à l’emblème du château Malartic Lagraviere. Pour la petite histoire, la maquette de la Minerve trônant dans le hall d’accueil du château Malartic Lagraviere provient de l’Ile Maurice.
Les familles Ricard et Marly dirigent le domaine pendant 150 ans
En 1850, Madame Arnaud Ricard achète le domaine à la famille du comte de Malartic. A cette époque, le domaine s’appelle domaine de la Gravière. Elle rebaptise alors le domaine en château Malartic Lagraviere. Tout d’abord, parce que c’est le début de l’époque des noms de châteaux dans les vignobles. Ensuite en l’honneur du comte de Malartic. Enfin pour perpétuer le nom originel de la propriété.
Pendant un siècle et demi, le domaine reste dans le giron de la famille de Madame Ricard. Sa petite- fille Angèle en prend la direction en 1901. En 1947, la petite-fille d’Angèle épouse Jacques Marly, qui dirige le château jusqu’en 1990. En 1990, Bernard de Nonancourt achète le domaine à la famille Marly. Mais l’entreprise Laurent- Perrier doit se séparer à regret du domaine, préférant se recentrer sur son cœur de métier.
Les Bonnie font l’acquisition du château Malartic Lagraviere en 1997
En 1997, Alfred-Alexandre Bonnie, homme d’affaires belge, et son épouse Michèle rachètent le domaine aux champagnes Laurent-Perrier. Ils font édifier les nouveaux bâtiments en 1998. La famille Bonnie agrandit également le château construit par Angèle Ricard en 1850. La famille Bonnie fait aussi construire un nouveau cuvier. Plutôt que d’agrandir les chais situés sur la croupe de Graves, où se situent les meilleurs terroirs, la famille préfère utiliser le bas de la croupe et la pente naturelle, afin d’édifier ce nouveau cuvier particulièrement qualitatif.
La salle de dégustation, nouvellement créée, permet d’avoir une vue circulaire sur le chai, le cuvier et la vigne. Le château Malartic Lagraviere est actuellement géré par Jean-Jacques et sa sœur Véronique, tous deux copropriétaires de ce magnifique grand cru classé de Graves.
LA FAMILLE BONNIE DIRIGE TROIS MAGNIFIQUES PROPRIETES
Le Château Gazin Rocquencourt est le second Pessac-Léognan des Bonnie
La famille Bonnie détient également le château Gazin Rocquencourt, racheté en 2005 et composé de 22 hectares de vignes. La seconde propriété de la famille Bonnie produit essentiellement des vins rouges. Le château Malartic Lagraviere élabore majoritairement des vins rouges, même si 7 hectares de blancs sont également exploités. Emprunte de la même philosophie, la même équipe travaille sur les deux propriétés de cette AOC Pessac-Léognan.
Un sublime domaine argentin est le grand frère du Malartic Lagraviere
Les propriétaires du château Malartic Lagraviere sont également possesseurs d’un magnifique domaine argentin. La bodega DiamAndes s’étend aux pieds des Andes. C’est en 2005 que la famille Bonnie fait l’acquisition de ce domaine de 130 hectares. Elle édifie une magnifique bodega moderne de 25 000 mètres carrés. La bodega DiamAndes produit du vin essentiellement à base de malbec, de syrah et de cabernet.
L’offre de DiamAndes est riche puisqu’elle propose monocépages et assemblages. Ces derniers incarnent le véritable savoir-faire bordelais. Ce domaine produit également du vin blanc, à base de Viognier et de Chardonnay. La bodega DiamAndes est aux antipodes vinicoles de la France puisque les vendanges ont lieu au mois de mars.
La bodega DiamAndes fait partie du clos des Los Siete, domaine de 850 hectares créé par Michel Rolland en 1998. A cette époque, Michel Rolland fait l’acquisition d’un grand terrain vierge. Il a pour ambition de réunir plusieurs viticulteurs pour réaliser conjointement les vins du clos des Los Siete. Aussi une partie de la production du domaine de la famille Bonnie sert à réaliser le clos des Los Siete, vin très bien distribué en France.
LE CHATEAU MALARTIC LAGRAVIERE JOUIT D’UN TERROIR EXCEPTIONNEL
Le château Malartic Lagraviere est l’un des six crus classés de Graves à la fois en rouge et en blanc de l’AOC Pessac-Léognan. Les cépages rouges du château Malartic Lagraviere sont typiques de l’AOC Pessac-Léognan : 56% merlot, 39% cabernet sauvignon, 3% cabernet franc et 2% petit verdot. Les blancs sont également classiques de l’appellation Pessac Léognan : 83% sauvignon et 17% sémillon.
Le château Malartic Lagraviere s’étend sur 53 hectares. Le château Malartic Lagraviere s’étend sur quatre parcelles. Ces dernières se prénomment Marquet, Laguloup, Château neuf et la Gravière. Le château Malartic Lagraviere se situe près de l’Eau Blanche, petit affluent de la Garonne. Le château Malartic Lagraviere jouxte également la croupe de Malartic. Le Château Gazin Rocquencourt est lui d’un seul tenant de 30 hectares, dont 22 hectares classés dans l’AOC Pessac Leognan.
LES BONNIE SONT ÉCO-RESPONSABLES DEPUIS LONGTEMPS !
Les Bonnie apportent un soin méticuleux à l’environnement du château
Depuis l’acquisition du château Malartic Lagraviere, la famille Bonnie a initié de nombreuses démarches vertueuses, qu’elle teste, déploie et généralise petit à petit. La famille Bonnie fait en effet les choses au fur et à mesure. Tout simplement pour honorer son identité, respecter son terroir et ne pas fragiliser l’écosystème. A titre d’exemple, le labour intégral du vignoble, en partie à cheval, est pratiqué. Ce qui dispense de l’utilisation d’herbicides.
La famille Bonnie prend soin aussi des riverains du Malartic Lagraviere
Au château Malartic Lagraviere, les traitements utilisés sont bio et bio contrôle à plus de 80%. La confusion sexuelle, technique non bio mais raisonnée, est pratiquée. La famille Bonnie porte une attention particulière aux habitations bordant les vignes, notamment à Laguloup. L’organisation de réunions régulières avec la mairie de Léognan et les associations de quartier permet d’entretenir de bonnes relations avec les riverains.
Une transition douce vers l’encore plus bio…
Le domaine est certifié HVE3 depuis 2015 et adopte la démarche SME depuis 2019. Certaines parcelles sont certifiées en agriculture raisonnée depuis 2008. Le château Malartic Lagraviere cultive des vignes en 100% bio sur certaines parcelles et avance sur ce segment. Non seulement parce que le consommateur est de plus en plus attentif à ce mode de production. Mais aussi parce que cet état d’esprit est conforme à la philosophie de la famille Bonnie. Par ailleurs, le château Malartic Lagraviere favorise pleinement la biodiversité animale et végétale. Enfin l’équipe du château assure le compostage de tous ses déchets organiques.
La famille Bonnie travaille également sur le concept de l’agroécologie : le vignoble et son écosystème sont perçus comme un ensemble global à préserver. L’intervention est donc minimale pour garder les sols vivants et se diriger vers une certaine auto-fertilité en labourant légèrement.
DES VENDANGES 2020 PARTICULIERES POUR MALARTIC LAGRAVIERE
A chaque équipe sa vendange
Un peu moins de 50 permanents travaillent avec la famille Bonnie, sur les 75 hectares de Malartic et Gazin. En période de vendanges, une centaine d’intermittents vient renforcer cette équipe permanente. En général, c’est l’équipe permanente qui assure la récolte des blancs, car celle-là est extrêmement minutieuse. Et il préférable que ce soient les personnes connaissant parfaitement le vignoble qui opèrent. Car il est primordial de respecter fidèlement les consignes. Les intermittents assurent donc les vendanges des rouges en intra parcellaire. Jean-Jacques Bonnie visite quotidiennement les vignes avec le chef de culture et le maître de chais. Afin de pouvoir donner les consignes les plus précises possibles pour ramasser les grappes au jour le jour.
Des vendanges réalisées avec l’aide d’équipes locales
L’équipe du château a réalisé les vendanges 2020, terminées fin septembre, en respectant scrupuleusement les gestes barrière, ainsi que le port du masque. Aucun cas de coronavirus n’a été déclaré. Et c’est heureux, d’abord pour le personnel travaillant au château, ensuite pour la production des vins eux-mêmes. En général, le château Malartic Lagraviere fait appel aux personnes de la région. C’est ce qui a bien entendu été reproduit l’année dernière. Ainsi la provenance d’intermittents de régions durement touchées par le virus a été nulle.
Les raisins ont été assez épargnés par une météo défavorable
La météo de l’année 2020 a été capricieuse pour toute la région bordelaise. Le château Malartic Lagraviere n’a pas échappé à ce constat. Même si le domaine n’est pas gélif, le château Malartic Lagraviere a souffert un peu du gel fin avril. Ce qui a induit une baisse des rendements, notamment sur la parcelle de Laguloup. Par ailleurs, le château Malartic Lagraviere a été éprouvé par les grosses chaleurs de l’été, même si les orages du 11 aout ont apporté la fraicheur recherchée. En revanche, les raisins du château Malartic Lagraviere n’ont pas subi de blocage de maturité, eu égard aux sols de graves travaillés toute l’année et à leurs racines très plongeantes.
Même si la météo a généré son lot d’inquiétudes, le millésime 2020 du château Malartic Lagraviere sera plus que conforme aux vœux de ses propriétaires. Ce millésime 2020 est concentré et frais, dualité véritablement recherchée par la famille Bonnie.
LA VINIFICATION DU CHATEAU MALARTIC LAGRAVIERE EST MINUTIEUSE
Les tris manuels sont gage de qualité au Malartic Lagraviere
La sélection des raisins se fait à raison de deux tris, voire de trois tris sur certaines parcelles. Etant donné que la famille Bonnie aime tester les nouvelles méthodes ou les nouvelles machines, dans une constante quête de perfection, elle a bien sûr testé le tri optique. Mais ce dernier n’ayant pas alors démontré à leurs yeux toute sa pertinence et son efficacité, il a été abandonné au château Malartic Lagraviere. Le tri optique sera malgré tout réutilisé cette année, car des progrès importants ont été faits en la matière. Par ailleurs une double table de tri et un érafloir sont présents au poste de réception des vendanges. Puis une table vibrante permet de trier les grappes et les baies.
Le cuvier de 20 ans d’âge est toujours aussi performant
Le raisin trié à l’étage tombe par gravité dans un gros conduit. Un rail permet de disposer, depuis le poste de réception des vendanges, le raisin vendangé directement au-dessus des cuves. Ces dernières, en inox et en bois, d’une contenance de 70 à 90 hectolitres, permettent ainsi de faire des vinifications parcellaires. La thermorégulation est alors suivie depuis un poste de commandement central.
Guidés par la perfection, les Bonnie affinent leur élevage au fil du temps
Pour l’élevage de ses vins rouges, le château Malartic Lagraviere utilise des barriques bordelaises, des futs de 500 litres et des amphores. La famille Bonnie teste ces dernières pour la première fois pour le millésime 2020. Pour l’élevage de ses vins blancs, le château Malartic Lagraviere utilise des futs de 500 litres et des barriques bourguignonnes. Pour ses barriques, le château Malartic Lagraviere fait appel à différentes tonnelleries. Celles-ci produisent des barriques bordelaises et bourguignonnes à partir de chênes de l’Allier.
Les barriques bourguignonnes apportent une touche particulière
Il y a plus de 15 ans, les Bonnie ont commencé à acquérir des barriques bourguignonnes. Ces dernières représentent aujourd’hui un tiers du nombre total de barriques. Le séchage et la chauffe des barriques bourguignonnes apportent effectivement une élégance particulière, une certaine fraicheur et des arômes caractéristiques. Et ces barriques donnent à la famille Bonnie l’opportunité d’affiner l’élevage et les assemblages.
LE CHATEAU MALARTIC LAGRAVIERE : UN VIN A LA VERITABLE IDENTITE
Une structure principale intangible pour les deux vins
Depuis deux millésimes, le château Malartic Lagraviere travaille avec Eric Boissenot. Celui-ci accompagne la famille Bonnie dans sa quête de précision et de qualité, pour faire ressortir la quintessence du terroir. Au fil des millésimes, la famille Bonnie conserve une structure principale identique pour ses vins. Premièrement, le château Malartic Lagraviere fait la part belle au cabernet sauvignon, cépage résistant qui apporte une belle structure. Deuxièmement la Réserve de Malartic, le second vin, met en avant le merlot, cépage plus fruité et donc plus accessible.
Des vins à boire tout de suite et plus tard…
Malgré cette trame commune, la famille Bonnie décide d’adjoindre ou non du petit verdot et du cabernet franc dans ses assemblages suivant les millésimes. Pour l’ensemble de ses vins, la famille Bonnie mise sur l’équilibre entre fraicheur, fruit, charpente et douceur des tannins. Ainsi le château Malartic Lagraviere produit des vins qui peuvent être bus jeunes, mais qui disposent également d’une très belle et longue garde.
LA CRISE SANITAIRE A OBLIGE LES BONNIE A REPENSER LEUR ACTIVITE
Le négoce redevient le principal canal de distribution
Chaque année, la famille Bonnie produit 30 000 bouteilles de vins blancs et 250 000 bouteilles de vins rouges pour le premier vin et le second vin. C’est en grande partie le négoce, remis au centre de l’activité vinicole avec le COVID, qui permet de bien vendre les deux vins. Par ailleurs, la famille Bonnie exporte la moitié de sa production à l’étranger.
Le château Malartic Lagraviere diversifie les plaisirs
Avant la crise sanitaire, le château Malartic Lagraviere recevait beaucoup de visiteurs, notamment en provenance de l’étranger. Pour parachever la visite et la dégustation, un chef cuisinier mettait en valeur les accords mets et vins. La propriété a notamment reçu pour ses cours de cuisine une distinction de classe mondiale : l’Award Best of Wine Tourism 2020 des Great Wine Capital. Le livre « les 4 saisons de Malartic » met en lumière l’histoire du château et de la famille Bonnie, la vie au sein du domaine, en complément de 24 recettes de cuisine.
Des offres en préparation pour respecter les gestes barrière…
Même si le château Malartic Lagraviere dispose d’une e-boutique, la famille Bonnie travaille sur de nombreuses offres en présentiel. Car, grâce à la crise, les Français (re)découvrent leur pays et leur région. A titre d’exemple, Séverine Bonnie met au point une visite complète en extérieur, de la ferme de Malartic à la terrasse du château, en passant par la croupe de Graves. Recevoir les visiteurs et les amateurs de vins compte en effet énormément pour les propriétaires !
Si vous avez aimé cet article sur le chateau Malartic Lagraviere et que vous voulez en découvrir plus sur les Pessac-Léognan, alors consultez le site de l’apprenti sommelier. Ce blog vous donnera toutes les informations sur cette sublime appellation bordelaise: cartes, millésimes, châteaux… Enfin, si vous voulez un résumé du chateau Malartic Lagraviere, reportez-vous à sa fiche caractéristique de ce splendide domaine.