Visite dégustation personnalisée avec Florence Ducros, responsable développement oenotourisme du Château La Louvière. Florence met en lumière l’histoire du domaine depuis le 14ème siècle, les spécificités du terroir du domaine, l’engagement de la famille Lurton en faveur de l’environnement, ainsi que les méthodes de vinification et d’élevage de ce splendide Pessac-Léognan. Une très belle dégustation de trois Pessac-Léognan des vignobles Lurton blancs et rouges, dont le Château Couhins-Lurton et le Château de Rochemorin, permet d’appréhender la qualité et l’identité des vins de cette très grande famille de l’appellation Pessac-Léognan.
LE CHATEAU LA LOUVIERE TIRE SON NOM DES LOUPS DE LEOGNAN
Les origines du Château La Louvière remontent à 1310
En 1310, l’Aquitaine est sous domination anglaise. Le domaine de La Lobeyra existe déjà, comme en atteste un vieux registre commercial gascon tenu par l’administration anglaise.
La ville de Léognan est couverte de forêts peuplées de loups. Ce sont ces derniers qui sont donc à l’origine du nom de La Louvière, lobeyra signifie loup en gascon.
A cette époque, la propriété appartient au percepteur Guilhem de La Louvière, qui est l’un des hommes les plus puissants de Léognan. Son domaine accueille une petite demeure, agrémentée d’une petite tour se dressant au milieu d’une clairière.
Le visionnaire Guilhem de La Louvière lance de grandes campagnes de défrichage de la région des Graves. Par son influence et son investissement, il donne naissance aux premières clairières viticoles de la région.
C’est ainsi que le vignoble de La Louvière voit le jour. Situé sur les meilleurs terroirs des Graves, il jouxte la petite vallée de l’Eau Blanche.
Mais la Guerre de Cent Ans met le domaine en sommeil…
La famille de Guilloche fonde le vignoble moderne de La Louvière
En 1398, la famille de Guilloche, ayant fait fortune dans le commerce, prend les rênes du domaine de La Louvière.
Entre 1510 et 1550, Pierre de Guilloche et son fils Jehan font l’acquisition de nombreuses terres. Ils échangent également certaines de leurs propres terres avec celles de leurs voisins pour constituer un vignoble d’un seul tenant, tel qu’il existe aujourd’hui. Fait exceptionnel, le vignoble n’évoluera quasiment pas jusqu’à nos jours. Cette spécificité est bien sûr très pertinente pour la viticulture elle-même, c’est-à-dire concernant le soin des vignes et les vendanges.
Rappelons que cette première moitié du 16ème siècle est fondamentale pour l’histoire du vignoble bordelais. En effet, de nombreux parlementaires se découvrent une vocation de viticulteur. Ils investissent massivement dans les vignes, donnant ainsi naissance aux grands crus actuels. Les de Guilloche font partie de ces précurseurs.
En 1550, au décès de Pierre de Guilloche, La Louvière rejoint le rang des grands domaines. Et c’est à son fils Jehan qu’échoit la lourde tâche de poursuivre l’œuvre paternelle. Mais, celui-ci, de confession protestante, est assassiné en 1572.
En 1618, par manque d’argent, le dernier héritier de la famille de Guilloche vend La Louvière à l’Abbé Arnaud de Gascq, vieil ami de la famille.
Les Pères Chartreux donnent ses lettres de noblesse à La Louvière
En 1620, incapable de s’occuper de la propriété, le Sieur de Gascq la donne à la Chartreuse Notre-Dame de Miséricorde de Bordeaux. Les Moines Chartreux prennent alors en mains la destinée de la propriété. Non seulement concernant la restauration du domaine, mais surtout s’agissant de l’exploitation viticole. Leur rigueur et leur passion permettent à La Louvière de renaître.
A cette époque, de nombreuses congrégations religieuses s’occupent de domaines vinicoles. Que ce soient les Moines Bénédictins au Château Carbonnieux, les Moines Lazaristes au Château La Mission Haut-Brion ou encore les Grands Carmes au Château Les Carmes Haut-Brion.
Pendant cette période, la nature du commerce change considérablement. Et les Hollandais font jeu égal avec les Anglais sur la scène commerciale mondiale. Ces premiers, amateurs de vin blanc, alors que les Britanniques sont davantage intéressés par le rouge, conduisent les propriétés à se doubler d’un vignoble de blancs.
Aussi, ce sont les Moines Chartreux de La Louvière qui élaborent les premiers vins blancs de la propriété. Mais, après presque deux siècles de bons et loyaux services au profit de la Maison Noble de La Louvière, les Moines Chartreux en sont dépossédés. En effet la Révolution Française chasse les moines et le domaine est vendu aux enchères, à l’instar de tous les biens du Clergé.
La Famille Mareilhac se met au service de La Louvière
C’est le négociant bordelais et maire de Bordeaux Jean-Baptiste Mareilhac qui remporte les enchères du domaine de 130 hectares, dont 40 hectares de vignes. Il connait très bien les vins de La Louvière, puisqu’ il exporte déjà ses vins vers Saint-Pétersbourg.
Homme du monde et homme public, il fait détruire l’ancienne maison et édifier le château dans le plus pur style néoclassique. Deux bâtiments adjacents sont également construits : l’un pour les écuries, l’autre pour les chais.
Pour cette entreprise, il fait appel à un architecte parisien de renom, François Lhôte, concurrent de Victor Louis, père du Grand Théâtre de Bordeaux. Pour la décoration intérieure, il sollicite un de ses amis, François-Louis Lonsing, peintre flamand d’inspiration italienne très en vogue à cette époque. Ce dernier réalise les grisailles et les plafonds du salon rotonde sur le thème des amours de Psyché.
Mais, victime d’un empoisonnement consécutif au maniement de pigments toxiques composant les peintures, François-Louis Lonsing ne peut achever ses travaux. Il meurt à La Louvière en 1799. C’est notamment grâce à lui que le site sera inscrit à l’Inventaire des Monuments Historiques en 1946 et sera classé en 1991.
Alfred Mareilhac, petit-fils de Jean-Baptiste hisse le vignoble de La Louvière parmi les vignobles les mieux tenus du département. Il obtient pour ses fantastiques résultats une médaille d’or décernée par le Ministère de l’Agriculture en 1869.
Au début du XXème siècle, la famille Bertrand-Taquet achète La Louvière
En 1911, le parisien Alfred Bertrand-Taquet fait l’acquisition du domaine. Cet actionnaire de la Revue Vinicole et maire de Léognan à compter de 1919 en assure la gestion jusqu’en 1944.
Ses héritiers, parisiens comme leur père, s’occupent assez peu du domaine, qui de fait tombe assez vite dans l’abandon. Ce qui explique que le Château La Louvière ne fait pas partie du classement des Graves en 1953. Alors qu’il est situé entre le Château Carbonnieux et le Château Haut-Bailly…
André Lurton fait renaître le Château La Louvière en 1965
Originaire de l’Entre-deux-mers, André Lurton hérite du Château Bonnet en 1953 et fait passer sa surface de 30 à 300 hectares. Il sera par la suite connu pour être à l’origine de la sensible amélioration de la qualité des vignobles de l’Entre-deux-mers.
André Lurton hypothèque le Château Bonnet pour acheter le Château La Louvière. Se rendant compte que l’expansion urbaine de Bordeaux grève de nombreuses terres viticoles, il décide de se lancer dans une entreprise folle : créer une nouvelle appellation ! Après 20 ans de combats et de tractations, l’INAO donne raison à André Lurton. En 1987, nait l’appellation Pessac-Léognan.
Dès l’achat du Château La Louvière, André Lurton réorganise le vignoble, restaure les chais, le château et le parc. En 1973, il achète le Château de Rochemorin et le Château de Cruzeau. En 1992, il acquiert le Château Couhins-Lurton et étend son vignoble jusqu’à obtenir six hectares de blancs en cru classé.
Les vignobles André Lurton représentent aujourd’hui 250 hectares de vignes dans l’AOC Pessac-Léognan, sur 1900 hectares que compte l’appellation au total aujourd’hui.
LE CHATEAU LA LOUVIERE BENEFICIE D’UN TERROIR FANTASTIQUE
Le Château La Louvière s’étend sur 85 hectares
Le domaine se répartit entre 70 hectares de rouges et 15 hectares de blancs. L’encépagement rouge se compose de 60% de cabernet sauvignon et de 40% de merlot. Pour les blancs, le Château La Louvière cultive uniquement du sauvignon.
Jacques Lurton est un grand amateur de sémillon
Une parcelle de deux hectares de sémillon a été plantée en début d’année. Produisant déjà une micro cuvée de sémillon au Château Bonnet, Jacques Lurton compte intégrer le sémillon aux vins blancs du Château La Louvière à compter de 2026.
Un terroir magnifique pour des vins magnifiques
De très belles différences d’altitude et de fantastiques sols chauds et humides favorisent la jolie diversité et la qualité des raisins du Château La Louvière.
Pour les blancs, des graves peu profondes se rapprochant d’un sous-sol argilo-calcaire donnent de très beaux résultats. Pour les rouges, les buttes de graves favorisent les cabernets sauvignons. Tandis que les coteaux récupérant l’eau de pluie bénéficient aux merlots.
L’équipe du Château La Louvière effectue des passages réguliers dans les vignes pour les forcer à s’enfoncer en profondeur, favorisant ainsi fraicheur et résilience. Comme au Château Couhins-Lurton, la rivière de l’Eau Blanche s’écoulant au fond du domaine amène une fraicheur supplémentaire.
LE CHATEAU LA LOUVIERE PROTEGE L’ENVIRONNEMENT
Le Château La Louvière est labellisé HVE3 depuis 2017
L’équipe du Château La Louvière porte une attention toute particulière à la biodiversité, notamment en plantant de nombreuses haies, et au soin de la vigne. En effet, les herbicides ont disparu au profit du travail du sol. La confusion sexuelle a remplacé les insecticides. A ce titre, les fils d’hormone biodégradables ont chassé les capsules. Les céréales semées et enfouies dans les sols se sont substituées aux engrais chimiques.
Des solutions spécifiques aident la vigne à résister aux aléas climatiques
Pour éviter l’évapotranspiration, l’équipe du Château La Louvière pulvérise les vignes avec une solution à base d’argile, qui reflète la lumière et protège ainsi la vigne. Par ailleurs, une autre solution à base d’azote permet à la vigne d’emmagasiner des nutriments pendant l’été et donc d’être plus résistante. Ainsi la vigne souffre moins, l’acidité perdure et les récoltes sont plus équilibrées.
Le Château La Louvière adopte une approche environnementale globale
Le Château La Louvière recycle son eau grâce à sa propre station d’épuration. Les stations météo permettent de traiter les vignes au juste besoin, les riverains étant informés des traitements.
LE CHATEAU LA LOUVIERE EST CONFORME AUX CANONS DE L’AOC
Pour les vins blancs du Château La Louvière…
Les vendanges des blancs sont réalisées manuellement. La table de tri ayant officié, les grappes entières sont envoyées dans les presses pneumatiques. Puis le jus est débourbé pendant 72 heures. Ce même jus est filtré et la fermentation alcoolique démarre en cuve inox.
Ensuite les barriques accueillent les jus pour la fermentation et l’élevage pendant dix mois. Le bâtonnage sur lies a lieu deux fois par semaine, puis une fois par semaine, puis une fois tous les quinze jours.
Les chauffes moyennes ou longues permettent d’apporter des notes douces et nuancées de vanille et d’amandes. L’équipe du Château La Louvière utilise du chêne français des Vosges et du Jura, du chêne des pays de l’Est, ainsi que de l’acacia, ce dernier apportant davantage de fraicheur.
…comme pour les rouges du Château La Louvière
Après les vendanges manuelles, l’érafloir récupère les baies entière. Ces dernières font l’objet d’un tri par densimétrie. Ce qui permet de séparer les baies du Château La Louvière de celles du L de la Louvière, second vin de la propriété.
Puis les cuves permettent de réaliser la première phase de macération à froid par remontages. La fermentation alcoolique s’opère avant la phase de macération à chaud, toujours par remontages. Les vins de presse et de goute étant différenciés, la fermentation malolactique s’effectue en cuve inox. Et l’élevage de 12 mois peut alors commencer.
Depuis 2019, l’équipe du Château La Louvière réalise la vinification et l’élevage en amphores, au nombre d’une trentaine. Pour un quart de la production, les vinifications sont intégrales. Ce qui permet d’extraire un quart de matière supplémentaire et d’élaborer des vins fruités pouvant être consommés rapidement. Par ailleurs, les barriques utilisées sont en chêne français exclusivement.
LES VIGNOBLES LURTON PROPOSENT UNE OFFRE TRES DIVERSIFIEE
Château de Rochemorin blanc 2019
La robe de ce Pessac-Léognan blanc est d’un beau jaune brillant. Son nez expressif révèle de belles fragrances d’agrumes et de fleurs blanches. Centrée sur de belles notes d’agrumes, de fleurs et de fruits exotiques, la bouche de ce Château de Rochemorin est fraîche, grasse, boisée et parfaitement équilibrée.
Ce Pessac-Léognan blanc très réussi et à l’excellent rapport qualité prix se trouve facilement en restauration. Il se marie parfaitement avec des fruits de mer, des poissons ou encore des viandes blanches en sauce.
Château Couhins-Lurton blanc 2016
Ce Pessac-Léognan blanc arbore une belle teinte jaune pâle avec des reflets verts. Le bouquet particulièrement riche de ce Château Couhins-Lurton blanc révèle des arômes complexes de citron, de pêche blanche et de fruits exotiques mûrs, comme la mangue et l’ananas. La bouche de ce Pessac-Léognan blanc est fruitée, grasse, intense et impeccablement équilibrée. Sa belle finale est tendue et serrée.
Pouvant se garder confortablement jusqu’en 2025, le Château Couhins-Lurton blanc peut se déguster sur un poisson gras, comme une daurade ou un saumon, ou bien sur un plat élaboré de fruits de mer nobles, telles les gambas ou la langouste.
Château La Louvière blanc 2018
La robe de ce Pessac-Léognan blanc est d’un très beau jaune pâle avec des reflets argentés. Le nez délicat et complexe du Château La Louvière blanc 2018 propose des arômes d’agrumes, de pêche blanche, de cannelle et de vanille. La bouche est élégante, ample, minérale, fine et soyeuse et la finale saline est longue et fraiche.
Pouvant se garder encore cinq ans, ce Pessac-Léognan blanc parfaitement équilibré s’accommode parfaitement avec un poisson gras ou des fruits de mer, comme les coquilles Saint-Jacques.
Château de Rochemorin rouge 2016
D’une belle robe grenat, ce Pessac-Léognan rouge à majorité de merlot est élevé à 40% en barriques neuves. Le nez du Château de Rochemorin rouge 2016 offre des notes de fruits noirs croquants et confits, comme le pruneau. La bouche fraîche et boisée à l’attaque vive révèle des notes d’épices et de fruits noirs, comme le cassis.
Pouvant être bu jusqu’en 2025, il s’accorde à la perfection avec un pigeon, un plat de porc exotique, une belle côte de veau ou un fondant au chocolat.
Château Couhins-Lurton rouge acte II 2019
Monocépage merlot élevé en barriques de 500 litres et en clayvers, la robe de ce Pessac-Léognan rouge est grenat foncé, presque noire. Le nez de ce Château Couhins-Lurton rouge présente des arômes élégants de fruits noirs. La bouche fruitée, suave et charnue de ce Pessac-Léognan rouge véhicule des notes de fruits noirs, de chocolat et de tabac blond.
Ce premier millésime du Château Couhins-Lurton très facile à boire est parfait en apéro ou accompagné d’une viande grillée, d’une pintade aux girolles, d’un gratin de pommes de terre aux cèpes ou d’un dessert au chocolat.
Château La Louvière rouge 2018
Arborant une belle couleur grenat violet, le Château La Louvière rouge 2018 présente un nez fruité et mentholé. La bouche fraîche, corsée et savoureuse met en avant des notes de groseille, de mûre et de prune noire. Les tanins sont fins et la longueur est très belle.
Réalisé en vinification intégrale et élevé 100% en bois neufs, ce Pessac-Léognan rouge très bien réussi peut accompagner tout type de plat, de l’apéro au fromage en passant bien évidemment par les viandes rouges.
Pour retrouver d’autres Pessac Léognan que le Château La Louvière, rendez-vous sur la page des actualités du blog de l’apprenti sommelier.
